Un « Drakkar» de pirates Scandinaves il y a mille ans

Article paru dans "Le Petit Journal" du 04 Juin 1911
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D'après les documents historiques et archéologiques les plus précis conservés dans les musées et dans les annales des pays Scandinaves, notre dessinateur a reconstitué la physionomie exacte d'une de ces barques danoises ou norvégiennes sur lesquelles les pirates du Nord abordèrent nos côtes et remontèrent nos fleuves pour se livrer au pillage et se lancer à la conquête du butin.

Le musée ethnologique de Christiania conserve un de ces « drakkars » dans ses collections. Ce navire, retrouvé à Oseberg, montre à quel degré de perfection les Vikings étaient arrivés dans la construction de leurs bateaux. Le conseil municipal de la capitale norvégienne en a fait exécuter une réduction afin de l'offrir à la ville de Rouen à l'occasion du millénaire. Les Normands d'aujourd'hui trouveront à coup sûr un intérêt particulier à étudier l'image de ces « coursiers de la mer » qui, il y a dix siècles, remontaient la Seine et pénétraient jusqu'au cœur de notre pays.

Un autre modèle d'un navire plus grand, le navire de Gokstad, sera également offert à la ville de Rouen.

Quand on compare ces petits bâtiments sveltes et fragiles aux masses énormes de nos vaisseaux d"aujourd'hui, on reste pénétré d'admiration pour l'intrépidité de ces hommes qui se lançaient jadis sur la mer dans de pareilles coquilles de noix.

Par un singulier défi aux forces de la nature, c'était généralement dans les nuits orageuses des équinoxes que les pirates Scandinaves prenaient la mer.

« Quand les marins des autres peuples se hâtent de chercher un abri et de rentrer au port, dit Henri Martin, eux mettent toutes voiles au vent ; ils font bondir leurs frêles esquifs sur les flots furieux, ils entrent dans l'embouchure des fleuves sur leurs longues et sveltes embarcations aux deux voiles, à la proue aiguë, à la carène aplatie, sur leurs « drakkars » comme ils disent, leurs dragons à la tête menaçante. »

Or, en dépit des risques d'une telle navigation, on assurait ces jours derniers, que plusieurs norvégiens avaient résolu de renouveler ces exploits de leurs ancêtres.

Sept étudiants du Nord de la Norvège ont conçu le projet d'aller de Bergen à Rouen sur un long canot à rames, reconstitution exacte du bateau sur lequel le roi Hugleik fit son apparition dans notre fleuve de Seine. Ils sont partis, dit-on, de Norvège et les frais de leur téméraire expédition, soit 3.000 couronnes, seront couverts par une subvention officielle. Ils recevront certainement à Rouen l'accueil le plus fraternel... Pourvu qu'ils y arrivent.

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