Millénaire Normand - Discours du 28 Mai 1911 par Mgr Touchet /2.

II

 

Et maintenant : ce que la Normandie a donné à la France.

Coupons au court : trois choses : du sang à l'heure de son besoin, du génie à l'heure de Dieu, du Droit toujours.

Ah ! le beau sang, en vérité, que celui des premiers Normands, vigoureux, aventureux, chrétien.

Quels hommes, ces fils des découvreurs de l'Amérique peut-être, Guillaume Bras-de-Fer, qui, d'un coup, fendait casque et tête, cuirasse et poitrine de l'émir de Syracuse ; et Hugues, qui assommait de son poing nu le cheval de l'ambassadeur grec[1] ; et les fils de Tancrède, roux comme des lionceaux, rapides et courageux comme des aigles ; et ces bouviers normands qui s'en allèrent par delà le détroit faire souche de la plus haute aristocratie qui soit au monde; et Guillaume, le formidable bâtard, espèce de Napoléon du moyen âge, mais un Napoléon maître de soi et dévot à la Vierge; et Henri Beauclerc, séduisant, homme de main, diplomate, comme Henri IV ; et Richard Cœur-de-­Lion, magnifique soldat de roman, dont l'Arabe se souvient encore quand il dit à son cheval faisant un faux pas : «As-tu vu Cœur-de-Lion», troubadour, cocardier avant l'invention du terme, mauvais sujet, auquel on pardonnait tout, parce que dans l'intervalle de ses orgies, il adorait sincèrement et servait bien la croix.

L'histoire de ces gens-là fut souvent terrible. Qu'est-ce que les Talvas, par exemple, que des Atrides ressuscités ? Que de sombres tragédies se déroulèrent dans les donjons de Falaise, de Bellême, de Caen, de Rouen[2]? Mais y a-t-il vin jeune qui ne jette son écume, et sang généreux qui ne jette sa gourme ? Au surplus, lorsque le soir de leur vie approchait, que leurs artères s'étaient calmées, il advenait qu'ils allaient frapper à la porte de quelque moutier. Ils s'enveloppaient dans la coule bénédictine[3] et dans leur foi, que tant de fureurs avaient injuriée mais n'avaient pas détruite ; ils mettaient des années de recueillement entre leurs turbulences et les immobilités de la mort. Ils avaient toujours cru, toujours espéré ; ils finissaient par aimer.

Jusqu'à l'an 1204, les Normands firent de leur sang ce qu'ils voulurent. Quoique la liqueur fût précieuse, ils la gaspillèrent sans mesurer. Il n'est que juste d'ajouter que ce fut au mieux de leurs intérêts. Alchimistes quasiment fabuleux, ils la transmuèrent en monceaux d''or et en forêts de lauriers.

Rou versa son sang ; mais son sang lui rapporta un duché. Longue Epée versa son sang ; mais il arrondit sa terre. Robert le Diable versa son sang ; mais il s'annexa le Vexin. Bras de Fer versa son sang ; mais il se gorgea de l'argent des Maures.

Les douze chefs de Melfi versèrent leur sang ; mais ils se taillèrent des comtés aux dépens de Constantinople.

Guiscard versa son sang ; mais il se fit sacrer par les Papes duc de Pouille et de Calabre.

Roger, le plus beau des chevaliers, versa son sang, mais lui, soixantième, prit et razzia Messine, défendue par des milliers de Grecs.

Bohémond et Tancrède versèrent leur sang ; mais ils ceignirent la couronne d'Antioche et inspirèrent le Tasse.

Guillaume versa son sang ; mais il saisit l'Angleterre, en retint la grosse part, et divisa le reste à ses barons.

Hommes déconcertants, en vérité ! Sous aucuns ciels, ni ciels gris du Nord, ni ciels bleus du Midi, la victoire ne consent à les trahir. Héros d'épopée, terribles et superbes, capables de se jeter à dix-huit cents sur une armée dë soixante mille combattants qu'ils déferont; exploitants rapaces capables de faire suer du butin à des pierres ; magnifiques à séduire des reines d'Orient, épargneurs à étonner des mercantis juifs ; ils troublent le monde du bruit de leurs chevauchées et le remplissent du renom de leur habileté ; ils détruisent et fondent ; ils terrifient et organisent ; fils et frères d'une race dont les impétuosités sont comme honteuses d'elles-mêmes, tant qu'elles né se sont pas apaisées parmi les fécondités de la discipline; de la règle et de l'ordre.

Philippe Auguste mort, notre allégeance aux Capétiens directs et aux Valois ne se démentit point.

La guerre de Cent Ans. nous fut donc cruelle. Toutes nos villes furent forcées et, saccagées : Saint-Lô, Bayeux, Caen ; Rouen subit l'un des plus beaux sièges que sache l'histoire.

La noble ville prise dut payer trois cent mille écus d'or[4], et livrer son chef des arbalétriers, Alain Blanchard. Or celui-ci portait le verbe héroïque qui se trouvera plus d'une fois sur les lèvres des Rouennais. Comme on l'exhortait à racheter sa vie : «Je n'ai pas le bien qu'il faut pour cela, répondit-il ; mais si j'en avais assez, je ne le donnerais pas aux Anglais... je ne les aime pas tant que je les empêche de se déshonorer». Les imprécations de Camille n'ont rien de plus divinement furieux que pareil mot.

Nous subîmes l'Anglais, nous ne l'acceptâmes jamais.

Ce ne fut chez nous, qu'émeutes ou conjurations. Grands seigneurs ou paysans se liguèrent. Vainement les bourreaux gagés, Thierrache et ses sombres compères, se noyèrent dans le sang des patriotes: ceux-ci renaissaient toujours. Les de Flocques, casqués et cuirassés, renouvelèrent Bertrand du Guesclin ; tandis que les Guillaume Hoël, un fouet de charretier sur le cou, et une longue dague soins leur blouse de toile bise, comédiens gouailleurs et tragédiens formidables, inscrivaient leur nom au mémorial des héros paysans, plus haut que celui même du grand Ferré.

La crise qui aurait pu nous emporter finit en 1450. La victoire de Formigny, commencée par des rustres et achevée par des barons, comme si Dieu eût voulu mêler tous les sangs dans l'acte suprême de notre libération, expulsa définitivement les envahisseurs.

Depuis lors, quand la France nous a demandé du sang, sang de marin ou sang de soldat, nous ne lui en avons jamais refusé.

La dernière fois que la sévère requête nous fut adressée, ce fut en 1870. Ah ! les durs temps ! Le prince captif... les généraux emportés avec lui... des hommes, par centaines de mille, promenant leur désespoir dans l'ombre lourde des forteresses allemandes... Tout ligué contre nous... Nos plus petits villages envoyèrent leur contingent. Combien partirent qu'on ne revit pas... Trois plaques de marbre blanc, encastrées dans la muraille du cimetière où dorment les miens, indiquent que trois jeunes gens de « chez nous » périrent alors, comme avaient péri jadis les grenadiers fournis à Napoléon, et les matelots fournis à Louis XIV. Ce furent les sanglantes prémices d'un petit village normand à la Patrie.

Est-ce, cela, la suprême coupe de sang offerte par nous en libation à la France ?... Nul ne peut souhaiter que les heures douloureuses reviennent, Cependant, si le drapeau tricolore se soulevait, et s'enflait de nouveau dans la tempête des batailles, nous le jurons sur l'âme de nos pères, méprisant une rhétorique qui ne peut mordre le granit de notre proverbiale raison, nous saurions tirer de nous, une fois de plus, l'ondée rouge, laquelle, s'épanchant du cœur des innommés et de celui des illustres, apporterait l'affirmation la plus ferme de nos fidélités traditionnelles à la sainte cause de la Patrie ; forcerait peut-être à lever et à fleurir la divine palme des victoires : et, qui sait?... suprême joie qu'on ose à peine rêver, fermerait, guérisseuse de mutilations trop anciennes et trop barbares, l'inexprimable blessure dont la France de l'Est souffrira en son flanc sacré, tant que ne seront pas venus les nécessaires retours de la fortune.

 

L'homme peut donner son sang, sage ou fou, vertueux ou criminel, suivant l'usage qu'il en fait ; à Dieu seul il appartient de donner le génie. Ce n'est pas à notre race qu'il l'a refusé :

Ni le génie des armes, de Rou, le fondateur qui enleva Rouen, à Decaen qui enleva Munich dans un coup de main, en passant par Duquesne et Tourville, généralissimes des flottes du Roi, pour aboutir à Hagron, généralissime des armées de la République.

Ni le génie des affaires de Guillaume, qui géra ses prés, ses moulins et ses bois, comme le plus attentif des propriétaires et mourut l'homme le plus riche de son siècle, à Pouyer-Quertier, qui mobilisa la plus lourde masse d'or qui soit passée par mains de financier ; ni le génie de l'histoire, de Robert Wace à l'aimable Alain Chartier, et de celui-ci à Léopold Delille; ni le génie de la pierre taillée, qui dressa, joyaux effrayants, nos Notre-Dame de Coutances, de Bayeux, de Séez, d'Evreux, de Rouen, Saint­-Etienne, la Trinité, le clocher de Saint-Pierre, Saint-Ouen, Saint-Maclou, votre Palais de Justice ; et, je l'ai dit, le Mont-­Saint-Michel; ni Le génie de la sculpture des ymagiers, qui exécutèrent les saints de nos portails sacrés, à Jean Goujon, qui modela peut-être cette singulière Diane de Brézé ; ni le génie de la céramique, que portèrent à sa perfection les disciples d'Abaquène ; ni le génie de l'industrie de Mathilde, la reine tapissière, à nos dentellières d'Alençon et de Bayeux, ou encore à Jean le Machon, qui fondit Georges d'Amboise, ou- encore à ces foulons, tisseurs, ferronniers, qui sont notre honneur actuel ; ni le génie de la musique, du sirventois de Cœur-de-Lion, à la Dame-Blanche de Boïeldieu, à la Muette d'Aubert, aux oratorios de Le Nepveu, aux créations de Saint-Saens, et à celles de ce Planquette qui fit si joliment carillonner nos cloches ; ni le génie de la- peinture, incarné dans les Restoul, les Jouvenet, les Géri­cault, les Millet, et auguste comme les plus augustes, paysagiste, portraitiste, historien, sombre comme la tempête, suave comme un malin de printemps dans l'ombre et la fraîcheur des jeunes peupliers, Nicolas Poussin ; ni le génie des lettres, de nos antiques moines de Saint-Wandrille et de Jumièges, à Lanfranc et Saint-Anselme ; de notre université de Caen, à nos innombrables Sociétés de sciences et de lettres ; de Basselin à Malherbe, Thomas Corneille, Bernardin de Saint-Pierre, Fontenelle, Casi­mir Delavigne, Flaubert, Barbey d'Aurevilly, Harelle, Régnier... J'en oublie beaucoup. Et... Celui-là, si grand, que j'ai voulu le mettre à part.

Il fut un honnête homme, un cœur tendre et timide, une âme fière et sonore, presque un pauvre aussi. Il eut pour richesse son indépendance, son ingénuité, une méthode impeccable de conduire sa pensée, des ressources de dialectique prodigieuses, une plume à écrire des vers, que nul mortel n'a retrouvée depuis qu'elle fut enfermée dans sa bière. Il fit chanter l'honneur, pleurer l'amour, rugir la colère, triompher l'amitié, s'exalter le patriotisme, évangéliser la foi, comme nul depuis lui et bien peu avant lui. Le sommet où il s'assit, grave jusqu'en ses passions, n'est pas moins élevé que celui où s'assit Shakespeare. Bonaparte l'eût créé prince. Richelieu le jalousa peut-être. Il versa des rayons sur le jeune trône de Louis XIV: La France s'enorgueillit de lui devant l'étranger. Le Cid, Chimène, Polyeucte, Pauline, les Horaces, Camille, Auguste, Rodogune, fils et filles de sa pensée, ne mourront pas. Ils coudoieront éternellement Ajax, le roi des rois, et Achille, le plus brave des Grecs, Œdipe, Prométhée, Roméo, Juliette, Athalie, Burrhus, Néron, Bérénice, Dona Sol, Charles-Quint; avec, dans ce chœur illustre, quelque chose de si cavalier, de si impérieux, de si allant et de si héroïque, que les autres s'écarteront presque pour les regarder et les laisser passer.

Non ! notre place n'est pas si petite parmi les provinces de France.

Nequaquam minima es in principibus Juda.

Non ! nous ne sommes pas si mal, soit que nous comparions, soit que nous considérions.

Non sum adeo in formis.

Arrivés les derniers des barbares, au foyer de la France, nous y avons pris de suite une place, qui fait grand honneur à notre sublime hôtesse et à nous-mêmes. Nous nous en vantons sans détour; et la simplicité de l'affirmation ne fait aucun tort à sa vérité.

 

Le droit, Messieurs, est au corps social ce que l'épine dorsale est au corps humain. Sans droit, qui soit vraiment le droit, les sociétés manquent de rectitude, d'équilibre, de souplesse. Le droit couvre de son égide toutes les énergies utiles ; il frappe toutes les activités délictueuses. En contradiction avec le droit, se posent deux faits détestables à Dieu et aux hommes : la révolte des sujets, l'arbitraire du pouvoir. Le droit réprime l'arbitraire du pouvoir ; il règle les légitimes indépendances des sujets.

Le culte du Droit procède de deux besoins en apparence opposés, en réalité combinables : le besoin de l'égalité et celui de la hiérarchie.

Or, de l'égalité et de la hiérarchie nous portions en nous même le goût et le sens ataviques.

Sur les barques mal pontées des Wikings, la distance entre le chef et ses hommes n'était pas longue : Égalité. D'autre part, sans le respect des chefs parmi les périls des éléments et de la guerre, c'était la perdition certaine : Hiérarchie.

Afin de concilier l'égalité et la hiérarchie, il s'était naturellement établi un code usuel, un droit coutumier librement consenti, qui nous était entré dans les chairs et les moelles et les os.

Les institutions féodales du IXème et du Xème siècle gênèrent-elles ces instincts ?...En tout cas, elles ne les détruisirent point. Gens de la chaumière, gens du comptoir, gens de l'Eglise, gens des manoirs, avaient faim et soif de droit.

Cent ans avant Louis le Gros, dans nos forêts, à l'âtre des huttes en paillis, on raisonnait sur les droits «de l'homme», opposés aux prétentions des barons.

«Nos sommes homes comme ils sont», chantent les gueux de Wace... Déjà... Les sociologues bûcherons et charbonniers furent abominablement traités par Raoul, oncle de Richard Ier ... N'importe, ils avaient posé un problème, qui ira loin.

Les bourgeois, ceux de Rouen plus que d'autres, achèteront et réachèteront, jamais las de les payer, parce que jamais las de les vouloir, leurs franchises communales. Pour elles, ils traiteront, guerroieront, mourront. Votre Alain Blanchard, communaliste de combat, est aussi énergique et plus pur qu'Étienne Marcel.

Qualis populus, lalis sacerdos. Les gens d'Église ne sont pas de différente humeur. Guillaume confierait volontiers un évêché d'Angleterre au moine Guimond : Prince, lui répond celui-ci, humble et ferme, ne vous fâchez pas de mes paroles. L'Angleterre est votre immense proie. De quel droit attribueriez-­vous à moi ou à d'autres ce dont vous vous êtes emparé par la violence et le massacre... Je vais retourner, avec votre permission, en Normandie, laissant derrière moi ces dépouilles. Je leur préfère la pauvreté libre que choisirent Antoine et saint Basile... N'est-ce-pas un Normand encore qui a écrit : Dieu n'aime rien tant que la liberté de son Eglise... Et ce Rouennais par son père, Thomas Becket, ne fut-il pas le martyr des droits légués par J.-C. aux Pontifes ?

Quant aux barons enfin, ils n'avaient que trop, nul ne l'ignore, le zèle de leurs droits ou de ce qu'ils appelaient leurs droits.

Or, dès qu'un peuple à tous ses échelons est possédé par la même idée, dès que cette idée nullement adventice, nullement suggérée, le tient à fond, il est présumable qu'en toute occasion propice il l'exprimera et l'imposera par des actes et des institutions, comme la sève bouillonnante s'exprime et s'impose par la végétation.

Aussi nous avons mis notre empreinte sur les origines de tous les droits français : droit communal, droit commercial, droit régalien, droit parlementaire, droit napoléonien ; oui, tous les droits, sauf, ou à peu près, le droit révolutionnaire.

Je vous l'ai dit : Nos paysans, leur hache à la main, essayèrent,


cent années avant qui que ce soit, d'établir quelque chose comme des franchises communales.

Nos usages anciens et généraux étaient plus humains qu'en quelqu'autre lieu que ce fût ; la défense de vendre le serf pour payer les dettes du maître, la paix de Dieu avant la trêve de Dieu, protégeaient nos laboureurs, nos artisans et nos négociants.

La Charte de Privilège de 1204 est pour cette époque un acte libérateur.

Notre échiquier de Caen donna naissance â l'échiquier d'Angleterre et servit de type aux parlements, dans lesquels il se mua: Son code de procédure était sage ; ses méthodes de comptabilité, ses évocations d'appel dépassent de beaucoup l'époque où il fut créé.

La Charte aux Normands et la Grande Charte d'Angleterre sont des monuments considérables par les influences qui en sont sorties.

Pourquoi, Messieurs, bien que le sujet soit délicat, par un côté au moins, ne vous parlerai-je pas de cet Enguerrand Le Portier, l'ancêtre des juristes régaliens, «gracieux, avisé et sage», dit la chronique? Il signa sur le tard Enguerrand de Marigny, devint le vice-roi de Philippe IV, fut le précurseur de Louis XI et de Richelieu dans la lutte contre la féodalité, finit pendu au gibet de Montfaucon, abandonné par le fils d'un roi qu'il avait fortifié contre ses vassaux, insulté par un peuple qu'il avait aimé, chargé de plusieurs crimes qu'on ne lui reprocha point, mais coupable surtout du pire des torts, celui d'avoir marché si vite que ceux de sa génération ne le comprirent point ou ne le comprirent que trop.

Les présidents de notre parlement de Rouen avaient un beau lieu pour juger : et ils y firent souvent belle figure.



[1] Licquet, III, 166.

[2] Arthur de Bretagne fut emprisonné dans le donjon de Falaise; Guillaume d'Alencon mourut de chagrin dans celui de Bellême, pensons-nous, quand il eut 'appris la tin tragique de ses deux fils ; etc., etc.

[3] Notre deuxième duc Guillaume portait en tout lieu avec lui un habit de moine. Hélouin fonda l'abbaye du Bec et s'y retira. Robert le Diable celle de Cerisy. Houfroy celle de Préaux, etc. On sait la fol candide des Normands qui conquirent le sud de l'Italie.

[4] 18 mtlllons de notre monnaie.

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