LA SEMAINE FANTAISISTE - La vieille Normandie

Article paru dans "Le Petit Journal" du 04 Juin 1911

signé: CLAUDIN


LA  SEMAINE  FANTAISISTE 
La vieille Normandie

 

Cela semble extraordinaire

Et fabuleux probablement

Que l'on fête le millénaire

Du pays ancien des normands.

Mille ans, dit-on, mais c'est une ère !

Quoi ! Tant de siècles révolus !

Or moi, je m'étonne au contraire

Qu'il n'y en ait pas beaucoup plus :

                        Quoiqu'on en die

            Entre historiens branlants,

                        La Normandie

            A bien plus de mille ans !

 

D'abord le paradis terrestre

D'Adam et d'ève, où les oiseaux

Faisaient entendre leur orchestre

- Gracioso, amoroso -

Oui, cet Eden n'était en somme

Qu'un coin de bocage normand

Puisque l'on y trouvait des pommes

Qui tentaient déjà les gourmands.

                        Quoiqu'on en die

            Entre historiens branlants,

                        La Normandie

            A bien plus de mille ans !

 

Et puis, répondez-moi, qu'était-ce

Que ce serpent insidieux

Qui parlait avec politesse

Pour mieux tromper les curieux,

Sinon un normand véritable ?

Je n'en veux point dire de mal,

Mais c'était un roublard notable,

Un finaud que cet animal…

                        Quoiqu'on en die

            Entre historiens branlants,

                        La Normandie

            A bien plus de mille ans !

 

Lorsque Paris, le galant homme

Par trois déesses consulté,

A Vénus offrit une pomme

Comme le prix de la beauté,

Ce berger jeune autant qu'habile,

Chéri par la mère d'Eros,

Avait cueilli de la calville

Dans l'Eure ou dans le Calvados.

                        Quoiqu'on en die

            Entre historiens branlants,

                        La Normandie

            A bien plus de mille ans !

 

Et le jardin des Hespérides

Dont les pommes étaient en or,

Ce jardin divin et splendide

Était en Normandie encor.

Hercule, le tueur de l'Hydre,

Y pénétra, victorieux,

Mais ce fut pour faire du cidre

Qu'il vola les fruits merveilleux...

                        Quoiqu'on en die

            Entre historiens branlants,

                        La Normandie

            A bien plus de mille ans !

 

La preuve est-elle pertinente ?

Nul vraiment ne peut contester

Aux normands la plus surprenante

Et la plus haute antiquité ;

Oui, le pays des filles blondes,

Le pays des verts horizons

Est le plus vieux pays du monde

Et je répète avec raison :

                        Quoiqu'on en die

            Entre historiens branlants,

                        La Normandie

            A bien plus de mille ans !

 

CLAUDIN

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